Autolib va bien puisqu’Anne nous le dit !
Autolib n’a donc aucun problème financier ? Je vous ai fait le transcript de l’interview qu’Anne Hidalgo a accordé ce matin à Jean Jacques Bourdin sur BFM TV / RMC.
JJ Bourdin : « Autolib, ça coûte cher, apparemment il y aurait 180 millions d’euros de déficit, c’est ce que dit Bolloré ? »
Anne Hidalgo – « Non pas du tout, d’abord, c’est un service qui est performant, qui marche, qui a permis… »
JJ Bourdin : « Est ce que c’est vrai qu’il y a 180 millions de déficit ? »
Anne Hidalgo – « Non, ça je ne… Bolloré n’a pas dit ça, y’a eu des articles, ici et là qui… vous savez, y’a plein de gens qui essayent de démolir la mobilité électrique et l’Autolib »
JJ Bourdin : « Combien est ce que ça va coûter au contribuable ? »
Anne Hidalgo – « Aujourd’hui, vous savez c’est un système qui est financé en grande partie, d’abord… le risque industriel, c’est Bolloré qui l’a pris, avec sa batterie… »
JJ Bourdin : « Jusqu’à 60 millions d’euros… »
Anne Hidalgo : – « La part de la ville ça a été quoi ? Installer des stations et des bornes de rechargement, et je vais en installer beaucoup d’autres, bien au delà du système d’auto-partage qu’est Autolib. On a besoin à Paris de s’équiper en bornes de recharges rapides. Moi, mon objectif, mon projet, c’est que par exemple, les taxis parisiens puissent aller beaucoup plus rapidement vers soit l’hydrogène, on a des stations qui sont ouvertes, dans ce sens là, soit, vers l’électrique, pour ça, il nous faut plus de bornes de rechargement rapide. Donc, moi, je vais aller encore plus loin, ça, c’est le job de la ville, et puis le système, il est financé aussi par les gens qui utilisent Autolib »
JJ Bourdin : « Est ce que le système est en déficit, je vous pose la question ? »
Anne Hidalgo – « Il est pas en déficit, c’est un système qui a trouvé, aujourd’hui, son territoire, qui est d’ailleurs un territoire très élargi, le modèle économique doit certainement être… »
JJ Bourdin : « Mais ça perd de l’argent ou pas ? »
Anne Hidalgo – « Qui perd de l’argent ? C’est un service public aussi l’auto-partage, donc, vous n’évaluez pas un service public… »
JJ Bourdin : « Mais qui paie les pertes ? Bolloré ? »
Anne Hidalgo – « Mais y’a pas, aujourd’hui, de pertes, la mairie ne paye pas de pertes, chacun est dans son rôle. Bolloré a pris le risque industriel… »
JJ Bourdin : « Oui enfin, ça coûte plus cher que prévu ! »
Anne Hidalgo – « Pour l’instant, ça ne coûte pas plus cher que prévu, ni pour la ville, ni pour les personnes qui l’utilisent. En revanche, à terme, en fonction de l’extension du système, en fonction aussi de l’arrivée d’autres formes d’auto-partage… Par exemple, nous soutenons aussi des formes d’auto-partage qui permettent à des parisiens de ne plus avoir de voiture mais lorsqu’ils partent en week-end et qu’ils ont besoin d’une voiture, sur des durées plus longues que ce que permet Autolib, ils puissent accéder à des véhicules qui sont des véhicules propres. Il faudra bien sûr se reposer la question du modèle économique d’Autolib, avec son expansion et avec bien sûr, toutes les évolutions de la mobilité. Tout ça est toujours en évolution. Mais j’entends beaucoup de gens qui veulent faire échec à des formes nouvelles de mobilité, électrique, ou d’auto-partage, et je pense qu’ils sont pour beaucoup dans cette campagne. »
JJ Bourdin : « D’ailleurs, de nouveaux transports écologiques, dans les quartiers hauts, sur la rive droite »
Anne Hidalgo – « Oui sur les quais hauts, bien sûr »
JJ Bourdin : « Quand même, je remarque cette réflexion de Manuel Valls « Depuis que je ne me déplace plus en escort, je vois que la politique de transports d’Anne Hidalgo est une hérésie »
Anne Hidalgo – « Bah il faut prendre le métro, voilà ! Prend le métro Manuel. Non mais en plus, c’est des trucs racontés dans la presse… »
JJ Bourdin : « Rapporté, mais c’est dit ! C’est vrai qu’il y a des embouteillages plus importants rive droite, non ? »
Anne Hidalgo – « Non, et puis, nous avons eu une étude, cette semaine, qui a été communiquée par Airparif, qui montre que la circulation est en train de baisser, que les temps de transports se sont, certes, un peu été augmentés, mais beaucoup moins que ce que nous avions identifié dans notre étude d’impact, et surtout la pollution est en train de baisser. Et vous savez, on parle beaucoup des voitures, on me dit souvent « quand même est ce que vous pensez aux 40 000 automobilistes qui empruntaient avant les quais ? » et on parle jamais des 10 millions de personnes par jour en ïle de France qui utilisent les transports en commun. Moi je préférerais qu’on parle un peu plus des transports en commun que des voitures, et là, y’a encore du boulot, pour que les transports en commun en Île de France soient confortables, performants, on est en train de le faire, y’a un plan d’investissement massif dans lequel la ville de Paris s’engage, bien au delà des limites géographiques de Paris, avec le Grand Paris Express. »
JJ Bourdin : « Alors dernière chose Anne Hidalgo, c’est une image, les Champs Elysées : une piste cyclable, au milieu de la chaussée ? »
Anne Hidalgo – « Oui on est en train d’y travailler, bien sûr, ça sera cette année, à la fin »
JJ Bourdin : « Avec les voitures à droite et à gauche ? et les vélos au milieu ? »
Anne Hidalgo – « Voilà, moi c’est ma proposition, les vélos au milieu, y’a plusieurs choix qui sont encore en discussion. Mais ça va être une image fabuleuse. Vous savez, chaque fois qu’on fait les Champs Elysées piétons, c’est des milliers et des milliers de vues dans le monde entier, ce sont des agences de touristes qui disent « on veut y aller, on veut y aller » bah voilà, l’attractivité de Paris, c’est aussi cette politique écologique. »
Vous pouvez réécouter l’interview à partir de la 15è minute ici
Voici des morceaux choisis d’articles issus de différents médias qui parlent des problèmes financiers d’Autolib :
- « Les Autolib’ sont des voitures électriques disponibles en libre-service dans la région parisienne. Néanmoins, ce service prévoit une perte de 179 millions d’euros d’ici 2023. Et les contribuables pourraient payer une partie de l’addition. » LCI.fr
- “Cinq ans après son lancement, le service d’autopartage en trace directe Autolib’ n’a pas encore atteint l’équilibre financier. L’horizon de rentabilité du service, exprimé en nombre d’abonnés à l’année, a été plusieurs fois repoussé par les responsables […] Plus le nombre d’abonnés par voiture en service augmente, plus la fréquence d’usage du service par les abonnés diminue. L’effet de seuil ainsi identifié semble constituer un réel “plafond de verre” qui pourrait empêcher Autolib’ d’atteindre l’équilibre financier.” Les Inrocks
- “La délégation de service public prévoit que les pertes soient prises en charge par Bolloré, mais à hauteur de 60 millions d’euros”, indique le Volatile. Quid des 119 millions restant ? Les mairies devront se répartir la dette en fonction d’un calcul au prorata du nombre de voitures Autolib’ installées dans leur commune. Une annonce qui affole les élus franciliens. » Les Inrocks
- « Soit les tarifs doivent augmenter (ce qui va être le cas début février, la demi-heure passant de 6 à 7 euros); soit Bolloré assume de subventionner le service; soit les communes payent, mais selon un article publié sur le site du Monde, certains maires (Viroflay, Le Bois d’Arcy) renoncent déjà à l’implantation d’Autolib dans leur commune de peur d’avoir à le financer sur leurs fonds. » L’expansion
- « En attendant, si le montant d’un tel déficit était confirmé, il pourrait toutefois être réduit, d’après la présidente de séance. Celle-ci a par exemple évoqué la possibilité de prolonger la délégation de service public (DSP) qui pourrait passer de 18 mois à deux ans. En outre, la fermeture des stations économiquement non rentables permettrait de réaliser 13 millions d’euros d’économies. Ce serait cependant sans compter le coût de démontage de ces stations qui s’élèverait à 6 millions d’euros selon les premières estimations. » La Tribune
- « De fait, selon le contrat de délégation de service public signé pour une durée de douze ans (2011-2023), les pertes du service sont prises en charge à hauteur de 60 millions d’euros par le groupe Bolloré, indique le journal satirique. Le reste devra être assumé par la Mairie de Paris et les 97 villes d’Île-de-France équipées. La répartition se fera au prorata du nombre de véhicules garés dans les rues des communes. » Le Figaro
Ma seule question sera : pourquoi avoir privilégié la machine Bolloré pour créer ce service alors qu’on pouvait donner un coup de pouce à une autre société, en la mettant en avant ? Je m’appuie sur l’existence, bien avant Autolib, de Caisse-Commune, devenu Communauto, service d’autopartage automobile d’une PME à Paris, créé en 1999…
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