L’aventure, c’est l’aventure

Il existe des gens formidables. Ceux qui voient la ruse partout, l’occasion de profiter d’une bonne promotion pour se faire plaisir, quitte à devoir remuer ciel et terre. Voici l’histoire d’un grand fan d’aventure, ou tout du moins de la location de voitures.

En juin dernier, ce fan éclairé des newsletters découvre une promotion chez le loueur Avis. Pour chaque location, Avis offrait 5000 EuroBonus miles. Ces miles sont le compteur d’un programme de fidélité proposé à l’origine par Scandinavian Airlines, auquel SAS et les compagnies affiliées à StarAlliance se sont greffés.

Notre héros a voulu vérifier la véracité de la publicité… On n’est jamais trop prudent avec les pubs ! De passage à Copenhague, il a loué une voiture à l’aéroport pour 49 euros, l’a rendue et a été crédité de ses 5000 EuroBonus miles.

Et si ça fonctionne, pourquoi ne pas pousser le concept ? Sur un forum de voyageurs, il a évalué chaque point gagné à 2,2 centimes, soit 110 euros pour ses 5 000 miles « achetés » 49 euros.

Pourquoi ne pas se servir des EuroBonus miles comme d’un nouveau compte en banque ? Chez lui, la moindre location revenait à 63 euros. Trop peu rentable. Il a donc cherché quelle serait la meilleure agence pour construire son capital.

A travers 2 820 agences Avis réparties en 109 pays participants à l’opération (Europe, Afrique et Moyen-Orient), il a d’abord pointé Beyrouth pour ses locations à 13,65 euros la journée. Puis Johannesbourg où les petits utilitaires sont à 15,41 euros / jour… Et, après plusieurs jours de recherches, combinant lieux et dates, il a enfin trouvé : Funchal à Madère à 11,30 euros la journée au début du mois de septembre.

Il explique : « Combien de voitures pouvais-je louer ? Les deux bureaux Avis de Funchal sont ouverts de 8h30 à 12h30 et de 15h00 à 19h00. En faisant une recherche en ligne, je me suis aperçu qu’avoir deux réservations (ou plus) pouvaient être un problème. Et deux locations successives étaient combinées en une seule par l’agence. J’ai donc essayé de louer une voiture chaque demi-heure, à chaque fois pour 30 minutes, en alternant d’une agence à l’autre. J’ai étalé ça sur deux jours pour ne pas avoir de problèmes avec les loueurs et pour ne pas trop investir si les choses ne tournaient pas comme je le voulais. Pour la dernière location, j’ai pris une voiture durant 24 heures, histoire de visiter un peu. »

A deux semaines de son arrivée à Madère, Avis Funchal l’appelle et s’excuse d’un problème du système qui indique 18 réservations. Le loueur fou pointe en effet l’erreur : il devrait y en avoir 37 (18 x 2 agences + 24 heures) !

L’homme d’Avis propose de tout combiner en une seule location. Idée évidemment refusée… Notre héros explique son montage, sans forcément convaincre le Portugais.

Second appel quelques jours plus tard. Encore une fois, Avis Funchal désire modifier les réservations pour n’en avoir qu’une seule. La gestion du parc et, surtout, l’idée de passer deux jours à ouvrir et fermer des contrats ne devaient enchanter personne : « C’est comme ça que vous passez vos vacances ? »

Jour J !

Il arrive à 8h30 à la première agence. Comme il n’a pas pu booker ses voitures pour aller d’une agence à l’autre, il est équipé pour marcher entre les deux lieux distants de 1,2 kilomètres entre chaque demi-heure.

A sa grande surprise, Avis avait tout compris de son manège et s’était attaché à rendre l’aventure plus facile. Une unique voiture lui était réservée : une Opel Zafira. Et il pouvait la prendre dans une agence et la rendre dans l’autre.

Cinq personnes étaient dans la confidence pour l’aider dans son délire : « En 25 ans d’Avis, je n’avais jamais vu ça ! »

Une femme était même dédiée à notre héros en alignant les post-it pour suivre la progression des locations. Seul le préposé à la récupération des clés n’a jamais semblé comprendre ce qu’il se passait.

Cinq minutes de route entre les deux agences, 10 minutes de paperasserie… Le reste du temps au Carlton de Funchal. Deux jours d’une rare intensité avec baignade à la pause du midi ! Le second jour, l’une des agences avait dix réservations, dont neuf pour le Zafira. Et les dernières 24 heures pour visiter l’île au pas de course.

Au total, les trois jours de locations/vacances ont coûté 894 euros tout compris. Mais il a gagné 191 072 EuroBonus miles, soit (selon son calcul) 3 309 euros. Et tout ça, sans payer l’assurance auto !